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INTERVIEW de Frédéric Grevaud - Recommandations pour bien financer son innovation en 2024

INTERVIEW de Frédéric Grevaud - Recommandations pour bien financer son innovation en 2024

Bonjour Frédéric, pourriez-vous nous présenter votre parcours qui vous a mené à co-fonder AUVALIE Innovation ?

C'est l'attrait pour l'entreprenariat, mon intérêt pour les sciences, et mon envie de créer autour de mes compétences en stratégie et finance une offre de services dédiée aux dirigeants de PME innovantes qui m'ont motivé à co-fonder en 2008 avec Pierre Cléau la société Auvalie Innovation.
Après une formation en Finance d'entreprise à l'EDHEC, 10 ans d'audit financier pour des groupes internationaux au sein du cabinet PwC, j’ai développé une approche spécifique pour aider les dirigeants de startups et de PME innovantes à mieux piloter la croissance de leur activité en prenant en compte les opportunités des dispositifs et principes de financement de l’innovation.

Depuis quelques mois, vous présidez l'association des conseils en innovation. Quelle est la mission de cette association, et quel est son champ d'action ?

Après plus de 10 ans à différents postes au sein de l'Association des Conseil en Innovation (ACI), le Conseil d'administration du mois de juin 2023 m'a élu à la Présidence de l’ACI pour un mandat de 3 ans.

L’ACI, née de la fusion entre les associations ASCOFI et UNATRANTEC est devenue un interlocuteur privilégié des acteurs publics (commissions parlementaires, conseillers techniques des ministères, Médiation des entreprises, etc.) pour les questions de politiques publiques et de fiscalité de l’innovation. Elle a entre autres joué et continue de jouer un rôle majeur sinon prépondérant sur le sujet du CIR et du CII (Crédit Impôt Recherche et Crédit Impôt Innovation).
Elle compte également parmi les organisations influentes à l’échelle européenne sur les questions
d’innovation, intervenant entre autres au côté de Bpifrance pour accroître la participation des entreprises françaises aux programmes européens de soutien à la recherche et à l’innovation (Horizon Europe, Eureka/Eurostars, PAPFE...).

Egalement, elle agit pour promouvoir les métiers du conseil en innovation dont la diversité est portée par les 70 membres sociétés de conseil qui animent les commissions techniques et qui travaillent en collaboration, pour partager leurs bonnes pratiques et augmenter l’impact de la profession pour plus de valeur ajoutée apportée au sein des entreprises innovantes qui les consultent

L'année 2023 a été marquée par l'adoption massive de l'IA générative. Au-delà des premiers usages simples, les entreprises ont-elles franchi le pas pour l'intégrer à leur stratégie d'innovation ?

En quelques mois l’IA générative semble être partout ! Beaucoup d’entreprises sont encore au stade de la découverte et de l’évaluation. En particulier dans les départements innovation, les enjeux de confidentialité sont à prendre au sérieux. A ce jour, encore peu de sociétés ont eu la capacité de faire évoluer leurs outils et leurs méthodes pour intégrer l’IA générative au sein de leur processus. Bien évidemment, les situations sont très différentes selon les secteurs, les services numériques ou l’IOT étant naturellement en avance de phase.

Selon vous, quel est l'impact de cette nouvelle vague technologique sur la perception de l'innovation ? Et quelles répercussions a-t-elle sur son financement ?

L’impact attendu est sans précédent sur les dernières décennies. L’IA générative et l’accélération de la transformation numérique dans son ensemble a démocratisé les capacités d’innovation. Les nouvelles technologies augmentent la capacité d’innovation en donnant accès à la connaissance et en facilitant l’accès au marché.
En termes de financement, je constate 2 mouvements opposés. D’une part, plus de financement (public et privé) disponible pour l’innovation et d’autre part de plus en plus de concurrence entre les projets. La question se pose alors d’allouer au mieux les financements disponibles. Il est également important de rappeler que l’innovation est caractérisée par la mise sur le marché d’un produit ou d’un service, et sur cette « dernière » étape cruciale les besoins de financement sont très souvent sous-estimés.

Le paysage du financement des entreprises a drastiquement changé en deux ans, marqué par une baisse des levées de fonds et une augmentation du taux d'intérêt des emprunts. Comment finance-t-on ses innovations aujourd'hui ?

Malgré les variations conjoncturelles sur le montant des levées de fonds, les grands principes du financement de l’innovation n’ont pas drastiquement changé depuis 2 ans.
Une bonne stratégie de financement anticipe les besoins de financement d’un jalon à l’autre en mixant les fonds public, privé et bancaire. La question de la mise de départ (autofinancement, love-money, concours) est souvent la plus difficile à laquelle il faut trouver une réponse. Peut-être aussi parce-que c’est la première ? Tout au long de la phase de financement (la trop fameuse « vallée de la mort »), il est important de conserver un niveau de capitaux propres et de trésorerie suffisants pour activer les leviers de financement public et bancaire en conservant la confiance des investisseurs et des financeurs.

En tant qu'expert du financement de l'innovation, quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs souhaitant se frayer un chemin à travers le paysage du financement pour concrétiser leurs projets innovants ?

Le premier conseil que je donne aux entrepreneurs est toujours de prendre le temps de construire un business plan solide qui leur permette d’avoir une vision claire de leurs besoins de financement. L’objectif est d’éviter la fausse route au démarrage dont on se relève rarement.
Après, c’est de se faire accompagner par des experts qui sont en mesure de les conseiller et faire avec eux le chemin des levées de fonds public, privé, bancaire, crédit d’impôts… Le financement de l’innovation est un chemin difficile mais dont les solutions à mettre en place sont connues. Parce-ce que le temps pour développer son innovation est toujours incertain, ma meilleure recommandation est de ne pas en perdre sur la mise en œuvre d’une stratégie de financement efficace.

Pour conclure, auriez-vous un message à partager avec nos lecteurs, notamment ceux qui aspirent à innover plus dans leur secteur?

Je souhaite à tous les entrepreneurs de prendre beaucoup de plaisir à innover dans leur secteur. Je leur souhaite de pouvoir proposer les produits et les services qui dessineront le monde de demain, un monde différent qui répondra aux enjeux actuels qui nous obligent.

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